Le rat des villes et le rat des champs » de Jean de La Fontaine revisité
Hier «verre à moitié plein »
Convia «verre à moitié vide »
Dans une ambiance torride,
Pour partager son festin
Lunettes roses sur le nez
Voir la vie du bon côté
Rien ne sert de s’arrêter
Sur toutes ses aspérités
Mais que vois-je sur votre joue?
Des cicatrices partout !
Un pansement est nécessaire
Afin de ne pas déplaire
Je vous prie, n’en faites rien
Avec elles je suis en lien
Telle une fermeture éclair
J’y plonge souvent la main
Au fond des poches souillées
Des papiers tout gribouillés
Permettent de se souvenir
Des craintes, des pleurs et des rires,
Spéléologue avisé
Du monde des cavités
A la frontale, je l’explore
Et j’y trouve des trésors
« Verre à moitié plein » poursuit
Regardez mon beau caban
Contre la pluie et le vent
Je me sens bien à l’abri
Vous qui êtes si peu couvert,
Je vous le prête volontiers
Se blinder, c’est nécessaire
Dans ce monde sans pitié
Sans façon, je vous le laisse
Etre à nu, a ses vertus
J’ai froid, j’ai chaud, j’éternue
Mais tout en délicatesse
Des gens laissés en pâture
Je sens la température
J’ajuste mon diapason
Pour me mettre à l’unisson
A la porte de la salle,
Ils entendirent du bruit
« Verre à moitié plein » déclame
Aux émotions, belles dames :
Entrez, entrez, faites vite
Qu’avez-vous donc à me dire?
C’est noté, j’ai bien compris
Partez, je vous congédie
« Verre à moitié vide » soupire
Chez moi elles restent dormir
Toute la nuit, elles délirent
Et parfois je crains le pire
Mais au matin, plus d’orage
Ciel lavé de tout ombrage
Lumière d’or, lumière d’argent
Percent mon cœur éclatant
La morale de cette histoire,
C’est que «verre à moitié plein »
Et son compère le coquin
Restent chacun des moitiés
Qui devront bien concéder
Que pour faire un verre entier
Il faut les deux assembler